Vie

Dorothée Quoniam naquit le 14 janvier 1839 dans une très pauvre maison d’un modeste hameau du Cotentin : le Rozel. Son père, jardinier, avait bien du mal à gagner la vie de sa famille et Dorothée partage dès sa naissance la pauvreté de l’Enfant de Bethléem. Dès quatre ans, sous l’influence d’une grâce puissante qui lui révèle la grandeur du Très Haut, elle promet d’appartenir à Jésus-Christ. Sa mère, très versée dans la science des saints, respecte en sa fille l’oeuvre de Dieu qu’elle seconde merveilleusement par des soins maternels surnaturels et éclairés.

Dans l’espoir d’améliorer les conditions de vie de sa famille, le père vient s’installer à Paris avec les siens. Mais, en quelques années, tous moururent de misère et Dorothée reste seule survivante.

Recueillie à l’orphelinat des Filles de la Charité, elle est heureuse d’habiter sous le même toit que son Jésus, mais elle aspire à le rejoindre au désert. Bien des difficultés lui restent à vaincre avant de pouvoir réaliser son désir, enfin, le 27 août 1859, le Carmel de l’Avenue de Saxe, à Paris (actuellement à Créteil) lui ouvre ses porte.

La solitude, le silence, l’amour de la Personne de Notre Seigneur, ces caractéristiques de la vie carmélitaine correspondaient à ses attraits profonds. Malgré sa faible santé, elle est admise à la Profession. Pendant la retraite qui la prépare à ce grand acte, elle reçoit une vive lumière sur l’âme de Notre Seigneur. C’est à cette source inépuisable de grâce et de sainteté, l’Ame du Christ, que Soeur Marie Aimée de Jésus va puiser désormais pour sa vie spirituelle.

Le Seigneur lui montre vite qu’il a agréé l’offrande totale d’elle-même qu’elle lui a faite au jour de ses voeux : épreuves de toutes sortes, nuit de l’esprit, rendent son amour plus pur et plus dépouillé, capable de la grande oeuvre que Dieu va lui demander.

En 1863 paraît le livre de Renan niant la divinité de Jésus-Christ. Blessée au vif dans son amour d’épouse, Soeur Marie Aimée saisit la plume sous l’inspiration de l’Esprit Saint :  » J’ai aimé, c’est pourquoi j’ai écrit « , dira-t-elle plus tard pour définir son oeuvre.  » Ce que j’ai écrit, c’est ce que ma foi, la foi de l’Eglise, ne pouvait plus garder au fond de mon âme d’épouse : à savoir que Jésus est le Fils éternel du Père éternel, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, incarné dans le temps et fait homme dans le chaste sein de la Vierge Marie par l’opération du Saint Esprit. Ainsi naquit le livre intitulé :  » Jésus-Christ est le fils de Dieu « . C’est une merveille que cette petite paysanne du Rozel, sans préparation humaine, ait pu écrire un ouvrage d’un telle précision théologique. Visiblement l’Esprit Saint était à l’oeuvre, le Seigneur l’instruisait. C’est la Sainte Ecriture, surtout l’Evangile, qui sert de base à son exposé, chaque chapitre comportant une application pratique à la vie intérieure.

Pendant la guerre de 1870-71 et les horreurs de la Commune, Soeur Marie Aimée soutient ses soeurs par sa tranquille confiance et son inaltérable paix intérieure.

Durant les dernières années de sa vie, malgré sa très faible santé, elle a la charge des novices. Pendant qu’avec zèle et amour elle forme des âmes pour son Seigneur, Lui-même perfectionne son oeuvre en son âme.

Atteinte par une mauvaise grippe qui dégénère en pleurésie, elle meurt dans un ultime élan d’amour vers son Jésus après avoir partagé avec lui l’épreuve de l’abandon de Dieu, le 4 mai 1874.


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